CHEMINS DE FER ET RÉFORMES 291 zébrer la carte des Balkans de tracés de chemins de fer ; toutes les diplomaties ont pris leurs mesures pour appuyer l’un ou l’autre de ces projets; toutes., directement ou indirectement, réclament, soit pour leur pays, soit pour quelques-uns de leurs nationaux, des avantages importants *. Mais outre ces intérêts particuliers, un intérêt plus général s’attache à tous ces chemins de fer. La Macédoine, toujours troublée et frémissante, l’Albanie indomptée, la vieille Serbie décimée, en seraient sillonnées en tous sens ; la locomotive apporterait avec elle plus d’aisance, plus de commerce, par conséquent plus d’ordre ; elle serait le plus puissant des facteurs de paix et de civilisation. Si les puissances, qui ont toutes des intérêts dans les chemins de fer ottomans, constituaient à Salonique, à côté de la commission financière, un comité pour assurer, sous la haute autorité des fonctionnaires du Sultan, le bon fonctionnement des chemins de fer et la sécurité des routes, elles auraient accompli la plus efficace des réformes macédoniennes. C’est dans cet esprit que le gouvernement français a promis son concours à toutes les demandes de concessions de chemins de fer. Si le gouvernement d’Abd-ul-Hamid est bien éclairé sur ses propres intérêts, il s’empressera de favoriser ces projets ; ils faciliteraient partout l’exercice de son autorité et la mobilisation de ses troupes; ils constituent la plus sûre méthode pour parvenir à une pacification définitive de la Macédoine sous l’autorité ottomane. Ainsi, à propos des chemins de fer balkaniques, s’est livré une sorte de duel diplomatique : la Russie !• Voyez dans la Revue politique et parlementaire de mai 1908 un article de M René Millet sur les chemins de fer Balkaniques, et un autre, sur le même sujet d’Ivan Iioriak dans la Revue slave de Janvier-février 1908.