440 LE CONFLIT AUSTHO-SEHBE On se plaît à espérer, à Belgrade, que le conflit austro-serbe aura été, pour le petit royaume, le commencement d’une ère nouvelle, où tout en gardant son indépendance pleine et effective, il sera réconcilié avec le grand empire, et où les Slaves du Sud qui, dans le dualisme austro-hongrois, n’étaient rien, deviendront enlin quelque chose. VI Quoi qu en puisse résulter pour leurs propres intérêts, il faut bien que les grandes puissances en prennent leur parti : la politique balkanique, ce sont de plus en plus les Etats balkaniques qui la feront, à leurs risques et périls peut-être, mais aussi à leur profit. Ces nationalités, que l’Europe a réveillées sans les affranchir complètement, ne veulent plus, ne peuvent plus aujourd’hui servir de simple monnaie d’appoint dans les conventions entre les grandes puissances ; elles réclament leur droit à une existence autonome, à l’abri des combinaisons ambitieuses de leurs voisins. La Boumanie et la Bulgarie ont pu, non sans peine, faire accepter cette vérité à Saint-Pétersbourg ; la Serbie à son tour cherche à la faire agréer à Vienne et à Budapest. Et c’est, semble-t-il, la première leçon que l’Europe puisse tirer du conflit qui vient de mettre aux prises un petit Etat danubien et balkanique avec l’Empire des Habsbourg. Mais il en est une seconde qui est comme la contre-partie de la première. Les petits Etats orientaux, qui aspirent à ne relever que d’eux-mêmes et à résoudre par leurs propres