LES RÉFORMES 167 sion chargée d’examiner et d’amender le projet ottoman finissent leur rapport par ces mots : « Les bonnes lois n’ont jamais fait défaut à la Turquie, mais leur application a été ordinairement insuffisante. En terminant, les soussignés recommandent leur œuvre à la protection des puissances. » Touchante et vaine recommandation dont les signataires eux-mêmes n’ont pas dû se promettre de grands effets ! La Loi des vilayets, dans son ensemble, n’est jamais entrée dans la pratique ; abandonnée au bon vouloir des fonctionnaires ottomans, elle ne fut naturellement pas appliquée. Pendant la crise de 1895-1896, le gouvernement bulgare, informé que les ambassadeurs discutaient un projet de réformes à introduire dans les vilayets d'Arménie, demanda et obtint, grâce à l’appui des cabinets de Saint-Pétersbourg et de Paris, un décret du 22 avril 1896 stipulant une série de réformes pour les vilayets de la Turquie d’Europe. « On peut se demander, écrivait à cette époque M. Paul Cambon, si cette concession du Sultan est plus réelle que toutes celles dont nous avons malheureusement dû constater le néant jusqu’à ce jour1. » La Conférence de Constantinople, le traité de Berlin, le décret de 1896, voilà les précédents, voilà les textes juridiques que les Bulgares invoquent pour la Macédoine. Le programme, du Congrès macédonien de juillet 1902 s’y réfère à chacun de ses articles. « Depuis un demi-siècle, des réformes sont promises, dit de son côté le Programme du Comité pour F autonomie de la Macédoine et de VAlbanie (mai 1902) ; mais aucune de ces promesses n’a été tenue;... les réformes tant de fois promises auraient pu changer 1. 12 novembre 1896. Schopoff, p. 331.