LES NATIONALITÉS HI tronc. Les grandes puissances, à leur tour, selon leurs affinités et leurs intérêts, prennent fait et cause pour les plus petites. Ainsi s’introduisent les querelles et les rivalités européennes, pour le compliquer davantage, dans l’imbroglio macédonien. Depuis San Stefano et surtout depuis la révolution rouméliote, l’espérance de voir bientôt se constituer une Macédoine affranchie a surexcité les énergies de ces peuples ou fragments de peuples. Ils ont ressuscité leurs titres oubliés, recherché leurs origines, rétabli leur généalogie, revivifié leur langage. Ils plaident aujourd’hui devant l’Europe la cause de leurs droits historiques à la suprématie de la Macédoine. Leurs plaidoyers méritent d’être entendus; ils ont été préparés et arrangés pour les besoins de la cause, mais ils n’en représentent pas moins le point de vue de chacun des intéressés ; si tendancieux qu’ils puissent être, ils reflètent l’opinion que chaque groupe de population se fait de son passé, de ses droits, de son avenir. Quand il s’agit d’histoire et de politique, de telles prétentions, quelque illusoires qu’en puissent être les fondements, sont des faits dont il est nécessaire de tenir compte. Nous ferons donc entendre d’abord, en nous appliquant à les présenter dans toute leur force, les arguments des parties, quitte à en faire ensuite la critique. II La race hellénique s’est fait un patrimoine de son histoire : le Grec est passé maître dans l’art d’évoquer les grands souvenirs dont il connaît toute la puissance de séduction; il sait, avec une science raffinée du