LES NATIONALITÉS 118 moitié de gré, moitié de force, sinon à se croire, du moins à se déclarer Bulgares. Dans ces dernières années, l’ambition de quelques hommes, soutenue par l’argent des Roumains et par la connivence de tous les ennemis de l’hellénisme, a découvert et « lancé » une nationalité nouvelle : les Yalaques. Les Roumains du royaume se sont avisés que les Valaques du Pinde parlaient une langue analogue à la leur ou qui en est tout au moins très proche parente, et, par intérêt politique, dans le dessein de se créer des droits et de s’assurer voix au chapitre en cas de partage de la Macédoine, ils ont pris en main la cause de ces frères nouvellement trouvés, obtenu la reconnaissance de leur nationalité par la Porte et réclamé pour eux le droit d’avoir des prêtres et une liturgie valaques ; une propagande acharnée dans les villages valaques a décidé quelques individus à se déclarer roumanisants. Or, sur quoi repose toute cette intrigue ? Sur un calembour. Il n’y a jamais eu de nation ou de peuple valaque. Le mot « valaque », c’est tout simplement, entendu et défiguré par les « Barbares », le mot latin villicus : le valaque, ç’est le vilain. Jusqu’à l’époque de Justi-nien, toute la Macédoine parlait latin et non pas grec : les barbares désignèrent par le mot villici, valaques, ceux qui appartenaient à la société organisée, les paysans latins. De même, en Moldavie et en Valachie, les Yalaques, c’étaient aussi les latinisés ; la Thessalie s’est appelée longtemps Grande Valachie. Tandis qu’à Byzance et sur les côtes l’influence hellénique faisait triompher la langue grecque, le latin se maintenait dans l’intérieur. Les montagnards, bergers, pasteurs, artisans, commerçants, ont gardé un idiome dérivé directement du latin, qui, tout naturellement, ressemble de très près au rou-