ET LA QUESTION ARABE 397 tion des questions orientales que les alliances européennes se nouent ; c’est sur le champ de bataille diplomatique de l’Orient qu’elles font leurs preuves et c’est là aussi, quand elles s’y montrent inefficaces, que se manifeste leur caducité. L’Allemagne, dans ce conflit où, indirectement au moins, ses intérêts paraissaient en jeu, est restée ostensiblement neutre ; sa diplomatie, loin d’encourager le Sultan à une résistance impossible, s’est employée à lui faire comprendre l’imprudence de son initiative et les dangers de son obstination; le gouvernement de l’empereur Guillaume II a nettement décliné toute responsabilité dans le conflit. La presse officieuse, de son côté, a signifié à la Porte de n’avoir pas à compter sur l’appui des Allemands et reconnu le bien fondé des réclamations anglaises. Seules quelques feuilles allemandes ou autrichiennes, — notamment la Neue freie Presse de Vienne dans un article qui a fait beaucoup de bruit, — ont encouragé le Sultan à la résistance et soutenu la légitimité de ses prétentions. Il y a là, peut-être, au point de vue des dispositions de l’opinion allemande, une indication plus intéressante que l’attitude officielle des gouvernements de Berlin et de Vienne. L’Allemagne est engagée trop avant dans la politique orientale pour ne pas avoir eu conscience que, dans l’incident de Tabah, son avenir en Orient était en question ; elle a pu constater, comme l’écrivait M. de Freycinet, « que l’Angleterre, maîtresse de l’Egypte et soutenue par la plus formidable marine du monde, pourrait, à son gré, devenir maîtresse de la Syrie et dominer à la fois l’Asie-Mineure et la région del’Euphrate, c’est-à-dire commander l’Empire ottoman et les voies de communication terrestres entre Constantinople et le golfe Persique ; de sorte que le grand chemin de fer