52 l'évolution contemporaine sacres ne cessaient pas et si des satisfactions réelles n'étaient pas données aux exigences de l’Europe. Le 16 novembre, il faisait venir Munir-bey, et lui déclarait qu’il donnait à M. Cambon l’ordre de quitter Constantinople, s’il n’obtenait pas l’arrestation immédiate de Mazhar-bey, assassin du Père Salvatore, la fermeture du tribunal extraordinaire chargé de juger les Arméniens et l’ordre aux autorités militaires de la Crète d’obtempérer aux réquisitions du vali. En même temps que les puissances, alarmées des procédés de l’Angleterre, se ralliaient autour du programme français, le Sultan sentait la nécessité de tenir enfin compte de l’irritation de l’opinion européenne; il proclamait une amnistie, autorisait l’élection d’un patriarche arménien, Mgr Ormanian, supprimait le tribunal d’exception. Peu à peu les troubles s’apaisaient, les massacres cessaient, les assassinats se faisaient plus rares. A coup sûr la question arménienne subsistait, et subsiste encore, mais la crise aiguë de la question d’Orient était passée *. La politique française avait réussi à conjurer le péril qui menaçait l’Europe, à circonscrire l’incendie, et à prévenir toute complication internationale. La réconciliation du Tzar avec le prince de Bulgarie, sous la condition du baptême orthodoxe du prince héritier Boris, négociée à Paris, dans l’hiver 1896, sous les auspices de M. Hanotaux, avait empêché les troubles de s’étendre à la Macédoine et la Bulgarie d’entrer en branle. Ces résultats que, malgré les difficultés particulièrement délicates de sa situation, — extérieure et intérieure, — la France avait obtenus, elle les devait d. « 11 n’y a pas de solution possible à la question arménienne, » écrivait, dés le 20 février 1894, M. Paul Cambon.