RÉPERCUSSIONS ET SOLUTIONS 229 de transport se disputent cette bonne aubaine; mais l’agence française de la Compagnie transatlantique l’emporte de beaucoup; les émigrants, arrivés en Amérique, écrivent à ceux qui restent pour leur recommander de ne prendre que la Compagnie française qui les traite mieux et les exploite moins Les concurrents ont essayé, sans succès, de tous les moyens; quelques-uns, de dépit, ont été jusqu’à s’aboucher avec les Comitadjis pour obtenir d’eux qu’ils interdisent de s’adresser à l’agence française ! Toutes ces agences ne s’occupent pas seulement d’organiser les transports, elles prêtent aux émigrants l’argent nécessaire pour qu’ils puissent entrer aux Etats-Unis ; on sait, en effet, que les immigrants doivent posséder cent francs d’argent et signer une longue et minutieuse déclaration dont l’exactitude est soigneusement contrôlée. Ces cent francs, c’est le bureau d’émigration qui les leur prête à intérêts plus ou moins gros, mais toujours très élevés, à cause des risques : de 40 à 140 pour 100. Presque toujours la somme est remboursée par les familles, et il est rare que les agences subissent des pertes. Môme des paysans aisés, même ceux qui, revenus d’Amérique avec des économies, veulent y retourner empruntent l’argent nécessaire plutôt que d’entamer leur petit trésor; ils remboursent ensuite sur leurs salaires1. Le départ a lieu tous les vendredis ; le jeudi soir de la semaine suivante, les émigrants arrivent à Paris, via Vienne, et ils quittent le Havre le vendredi. Et ces pauvres gens, qui n’avaient jamais vu que leur village des environs deFlorina ou de Kasto- !• Le transport coûte 240 à 210 francs d’üskub à New-York ; 193 francs de Salonique.