554 LES INTÉRÊTS SPÉCIAUX DE LA FRANCE EN ORIENT geux à l’Eglise, en même temps qu’à la France, qu’une seule puissance se charge de la tutelle des grands ordres internationaux, des clergés et des fidèles indigènes. Il convenait à l’Eglise, supranationale par essence, que le protectorat des catholiques, dans l’Empire ottoman et dans l’Empire du Milieu, fût aussi supranational. Après le Congrès de Berlin (23 juillet 1878), la nonciature à Paris communiqua au ministre des Affaires étrangères les remerciements officiels du Saint-Siège pour avoir sauvegardé efficacement en Orient les intérêts catholiques *. Comment l’action triplicienne, dirigée par Bismarck et Crispicontre le protectorat catholique delà France tant en Chine que dans le Levant, a fait partie d’un vaste dessein d’expansion germanique et italienne et d’amoindrissement de l’influence mondiale de la France, nous l’avons amplement montré en son temps2. Il nous suffira de rappeler, en les résumant, nos conclusions. Le premier assaut contre la situation prééminente de la France remonte aux années qui suivirent la fin du Culturkampf et la pacification religieuse en Allemagne. Le nouvel empereur. Guillaume II, au moment d’engager son pays dans la Weltpolitik, dans la politique d’expansion économique, maritime et commerciale, se rendait compte de l’avantage que l’Allemagne trouverait si elle parvenait à faire servir au succès de l’expansion germanique la force internationale du catholicisme ; c’est lui qui dirigea la manœuvre tournante destinée à enlever à la France le protectorat. 1. Livre Jav,ne de 1878, p. 290. Cf. d’Avril, op. cit., p. 433. 2. Voyez notre ouvrage : La Chine quis'ouvre(PeTvin, 1900,chap. n) et la Revue des Deux Mondes du !•' septembre 1898.