214 LA QUESTION DE MACÉDOINE ont touché plus régulièrement leur solde, en sorte qu’ils ont été moins tentés de se payer sur l’habitant. Au lieu de les laisser groupés dans les villes, on les a répartis, par petits postes, dans tout le pays, principalement dans les régions visitées par les bandes. Malheureusement la plupart ne savent ni lire ni écrire ; on s’est eflorcé de mettre, dans chaque karakol, au moins un gendarme qui ne fût pas complètement illettré et qui pût au besoin rédiger un rapport ou lire un ordre : on n’y a pas toujours réussi. Il a été impossible, peut-être n’est-il pas désirable de réaliser l’article du programme de Mürzs-teg qui spécifiait que 20 pour 100 au moins des gendarmes seraient des chrétiens; les gendarmes chrétiens sont mal vus de la population tant musulmane que chrétienne et les candidats sont peu nombreux. Le recrutement, même parmi les musulmans, est irrégulier, et, à plusieurs reprises, les officiers européens ont dû se plaindre de l’inertie, peut-être même de la mauvaise volonté du gouvernement turc à trouver les recrues nécessaires. Quoi qu’il en soit, les zaptiés d’aujourd’hui, habillés d’uniformes neufs, payés plus régulièrement, surveillés par les officiers européens, instruits dans les écoles, ne méritent plus qu’exceptionnellement de partager la réputation légendaire qu’Edmond About avait faite aux gendarmes grecs ; et l’on est obligé de constater comme un grand progrès, — tant il est vrai que tout est relatif! — qu’ils ne pillent plus que rarement eux-mêmes ; l’on cite même des occasions où on les a vus s’opposer aux violences des soldats. Mais la'* gendarmerie, depuis qu’on la paie, coûte très cher. Il y a en Macédoine, au moins sur le papier, 7.000 gendarmes répartis en trois régiments (un par vilayet, un bataillon par sandjak, une ou deux compagnies