LES RÉFORMES 171 en Macédoine les mesures nécessaires au maintien de la paix. La parole était donc aux cabinets de Vienne et de Pétersbourg : ce fut d’abord la Turquie qui la prit. C’est une méthode que les hommes d’Etat ottomans pratiquent volontiers quand ils se rendent compte que l’Europe va se trouver obligée de les mettre en demeure de tenir leurs engagements : ils se hâtent alors de promulguer eux-mêmes quelques beaux règlements ou quelques bonnes lois qu’ils se réservent de ne jamais appliquer, si les puissances ont l’air de s’en contenter. Ainsi essaya de faire Abd-ul-Hamid en 1902 : il espéra prévenir le coup dont il se sentait menacé en nommant un « Inspecteur général des trois vilayets de la Turquie d’Europe » et en publiant, le 1er décembre, des « Instructions » qu’il serait chargé d’appliquer1. Ces instructions n’apportaient pas de modifications notables au régime en vigueur. Remplacées et dépassées par d’autres programmes, elles n’eurent bientôt plus que la valeur d’un document d’archives. Au contraire, l’inspecteur général est resté, et sa fonction a pris de plus en plus d’importance à mesure que l’application des réformes s’est développée. S. E. Hussein Hilmi Pacha, Inspecteur général des trois vilayets de la Roumélie, est un Ottoman des îles2; on a dit, à tort, qu’il avait dans les veines du 1. M. Bapst à M. Delcassé. Ibid. n° 41. (1" décembre 1902). 2. Hilmi Pacha est né en 1856 àMételin, d’une modeste famille; il entra jeune dans l’administration du cadastre, puis dans celle de l’intérieur. Il se distingua en occupant, avec un bataillon, Petra et en y organisant un nouveau sandjak du vilayet de Damas. Nommé gouverneur du Yémen il y inaugura cette politique de centralisation qui a été continuée depuis et qui a provoqué l’insurrection des tribus; il reçut d’un fanatique un coup de revolver dont il porte encore la balle ; il a dû en partie à cet attentat la confiance qui le fit appeler en 1902 en Macédoine.