LA QUESTION DU PROTECTORAT 855 Le gouvernement chinois avait alors (1886) des difficultés avec les missionnaires français de Pékin; les Anglais, tout-puissants dans l’Empire du Milieu, n’eurent pas de peine à lui persuader qu’au lieu d’avoir affaire au ministre de France pour toutes les questions intéressant les missions, il lui serait beaucoup plus avantageux d’avoir à traiter avec un représentant du Pape, qui n’a ni vaisseaux ni soldats. Li-Hong-Tchang ne manqua pas d’écouter le bon avis que lui donnaient les Anglais, inspirés par les Allemands, et il envoya à Rome un agent anglais des douanes chinoises, M. Dunn. Le ministre d’Allemagne, M. de Brandt, qui s’était toujours montré très ardent à prendre la défense des missionnaires allemands pour les soustraire au patronage de la Légation de France, et le vicaire apostolique de la mission allemande du Chan-Toung méridional, Mgr. Anzer, secondèrent de tous leurs efforts la mission de M. Dunn et la firent appuyer, à Rome, par la diplomatie allemande. Proposer à Léon XIII la création d’une nonciature à Pékin et d’une légation chinoise auprès du Vatican, c’était, pour ainsi dire, prendre le Pape par sa plus noble passion : l’extension des relations diplomatiques du Saint-Siège. Ainsi présenté, le projet de M. Dunn fut d’abord favorablement accueilli à Rome; le Pape n’entendait pas par là dépouiller la France de ses prérogatives, mais il estimait qu’un délégué du Saint-Siège pouvait agir de concert avec le représentant de la France qui resterait son bras droit. A la môme époque, deux hauts personnages anglais, le général Simmons et le duc de Norfolk venaient à Rome et demandaient que des évêchés anglais catholiques fussent créés dans le Nord-Est de l’Afrique et soustraits à la juridiction du primat d’Afrique, le cardinal Lavigerie. En même