CHEMINS DE FER ET RÉFORMES 263 temps et à savoir en tirer parti. Je dis cela en prévision d’une politique de chemins de fer. Par la construction des lignes des Chemins de fer orientaux jusqu’aux frontières turques et serbes, nous avons posé la base d’une évolution ultérieure. Nous songeons avant tout à prendre des mesures en vue du raccordement. Ce ne sera pas difficile de l’obtenir de la Serbie. La ligne jusqu’à Varditse est achevée, et, du côté serbe, la ligne de jonction avance également. Quant à la jonction avec Mitrovitza, l’ambassadeur comte Pallavicini a été chargé de demander à Sa Majesté le Sultan l’autorisation en vue des études pour la construction de cette voie. J’espère fermement que le Sultan accordera sous peu cette autorisation, afin qu’un syndicat de banques autrichiennes et hongroises puisse entreprendre les travaux du tracé. Ce n’est qu’après l’achèvement de ces travaux qu’il sera possible de songer définitivement à l’établissement ultérieur de cette voie ferrée qui, en raison des difficultés d’exécution, exigera plusieurs années. Cette ligne d’Uvaé-Mitrovitza mérite une persévérance sans conditions, parce que, non seulement elle met en contact le réseau bosniaque avec les lignes des pays voisins, mais encore nous ouvre des perspectives toutes nouvelles de voies ferrées. Lorsque le réseau bosniaque aura été rattaché aux rails ottomans, notre trafic se dirigera directement par Serajévo vers la mer Égée et la Méditerranée. D’autre part, il y a espoir de voir sous peu s’effectuer la jonction des chemins de fer turcs et grecs, ce qui mettrait en communications directes Vienne, Budapest, Serajévo, Athènes et le Pirée, et constituerait la voie la plus directe entre l’Europe centrale, l’Egypte et les Indes. Pour notre part, nous appuyons chaleureusement à Constantinopde les demandes grecques en vue de la jonction ; ce n’est que par là que se réalisera dans son ensemble notre idée économico-politique. J'espère que dans ces entreprises nous pouvons d’autant mieux compter sur le concours du Sultan, que le raccordement du réseau turc avec les lignes bosniaques au Nord et avec les grecques au Sud ouvrirait aux vilayets macédoniens une nouvelle ère économique et contribuerait ainsi à accroître l’intérêt des populations de ces pays à des œuvres pacifiques. Mais il sera également nécessaire d’établir des communications avec le Monténégro, et, avant tout, de construire une ligne entre Cattaro et le littoral monténégrin ; la question est actuellement à l’étude; lorsque ces études auront abouti,