LE CONFLIT AUSTRO-SERBE 413 arrêté d’un commun accord : la nouvelle n’était pas faite pour plaire en Autriche. La formation d’une alliance intime entre les trois Etats slaves des Balkans : Bulgarie, Serbie, Monténégro, serait mal vue à Vienne parce qu’elle créerait, au sud du Danube et de la Save, une masse capable de faire contrepoids à l’influence autrichienne dans les Balkans et obstacle à la poussée germanique vers la mer Egée. A cette manifestation d’entente slave, l’Autriche riposta par une note où elle se déclarait résolue à ne pas renouveler le traité de commerce et à fermer sa frontière aux produits serbes si l’union douanière avec la Bulgarie devenait un fait accompli. M. Pachitch répondit avec le calme, la déférence et la fermeté d’un homme décidé à rester conciliant jusqu’au bout, mais sûr de son droit et résolu à le défendre. Au Ballplatz, on pensa que cette attitude méritait une leçon. En juin, la rupture économique était consommée, la frontière fermée au bétail et aux denrées agricoles serbes ; toutefois, les négociations pour le renouvellement du traité de commerce n’étaient pas rompues ; on les laissait traîner en longueur et l'on attendait avec confiance l’heure où la mévente du bétail, des porcs et des blés ramènerait la Serbie pénitente à une plus juste appréciation de sa situation vis-à-vis de l’Au-triche-Hongrie et l’obligerait, pour obtenir le traité de commerce, à s’adresser à l’industrie et aux banques autrichiennes pour les commandes d’artillerie et pour la conclusion de l’emprunt qu’elle projetait defaire. En même temps des mouvements de troupes s’opéraient sur les confins de la Serbie, le long du Danube et de la Save, et en Bosnie ; à Belgrade, les bruits les plus alarmants circulaient ; on redoutait même une occupation militaire de la ville ; les pires hypothèses trouvaient créance dans l’opinion pu-