256 LA QUESTION DE MACÉDOINE prochain chapitre comment la crise de 1908 a résolu la question. La politique austro-hongroise redoute la formation, dans la péninsule des Balkans, d’un Etat assez fort pour s’interposer, comme un écran, entre l’Em-pire des Habsbourg et la mer Egée. C’est à elle qu’a profité la destruction de la Grande-Bulgarie de San Stefano ; elle ne veut pas la voir renaître : aussi la trouverait-on opposée à toute annexion de la Macédoine à l’une quelconque des puissances balkaniques, et surtout à la Bulgarie. Elle serait même contraire à une autonomie de la Macédoine sous la suzeraineté de la Turquie; elle craindrait que la nationalité bulgare ne s’y affirmât avec trop de vitalité. Le maintien, entre la Bosnie et Salonique, d’une Turquie faible, lentement réformée sous l’influence prédominante de conseillers austro-hongrois, c’est la solution qui convient le mieux à la politique de l’Autriche. Ce n’est pas qu’il y ait lieu de redouter, de sa part, un projet d’annexion; nous ne croyons guère, quant à nous, à une descente des baïonnettes austro-hongroises vers Salonique; c’est par une tactique habile d’influence et d’intervention pacifique que le cabinet de Vienne cherche à implanter son hégémonie dans la péninsule. D’ailleurs, sa politique balkanique est en voie d’évolution : le remplacement du comte Golucliowski par le baron d’Æhrenthal paraît bien être le signe d’une modification sinon peut-être dans les desseins, du moins dans les méthodes du Bail-platz. Entre Vienne et Sofia les relations sont excellentes ; entre Vienne et Belgrade la réconciliation s’annonce proche ; la visite de M. Pachitch au baron d’Æhrenthal (mai 1907) et la signature d’un nouveau traité de commerce (mars 1908) en sont les signes précurseurs. Il semble aussi que, de plus en plus, il