346 LA. RIVALITÉ DES GRANDES PUISSANCES Le roi Victor-Emmanuel et M. Tittoni, de leur côté, choisissaient des catholiques notoires pour représenter l’Italie à Constantinople. A l’ambassade, ils nommaient le marquis Imperiali qui, dès son arrivée à Péra, manifestait avec ostentation la ferveur de son catholicisme. Au conseil de la Dette, ils déléguaient le comte Theodoli, dont la famille appartient au « monde noir » de Rome. Encouragées par tant de marques de la bonne volonté du gouvernement royal, adroitement sollicitées, plusieurs congrégations ou fractions de congrégations notifièrent à l’ambassade de Fiance qu’elles renonçaient à notre protectorat pour se mettre uniquement à l’abri de leur drapeau national *. Partout, à Constantinople, en Asie Mineure, en Syrie, le nationalisme italien prenait un visage catholique. A l’inauguration de l’église Saint-Antoine, à Péra, Mgr Borgomanero, vicaire du délégué apostolique, saluait avec enthousiasme le jour où « sous le beau soleil d’Orient le drapeau du Christ flottera à côté du drapeau de la patrie italienne ». Le délégué apostolique, MgrTacci, absent ce jour-là, blâmait officiellement le zèle italianissime de son vicaire et offrait à l’ambassade de France l’expression de ses regrets ; mais l’effet des paroles publiques de Mgr Borgomanero n’en retentissait pas moins dans tout l’Orient. A Jérusalem, après la mort de Mgr Duval, la nomination d’un de leurs compatriotes, Mgr Giannini, à la dignité de vicaire apostolique, parut aux Italiens un moment favorable pour reprendre la campagne contre le Protectorat français. Le Custode qui, on le sait, est un Franciscain italien, le P. Razzoli, discrète- 1. Ce sont : les Mineurs conventuels (Franciscains) avec une paroisse à Péra, une à Andrinople, une à Buyuk-Déré, les Franciscains de Cyrénaïque, les Salésiens, les sœurs d'Ivrée, les Domini" cains itoliens de Gaiata et de Srnyrne.