4 l’évolution contempokaine d’un siècle, toutes les grandes alliances ou ententes européennes ont-elles pivoté autour de la question d’Orient; elles se sont presque toujours conclues ou rompues à propos d’elle, et c’est en connexité avec elle qu’il convient de les étudier si l’on veut en bien comprendre les tendances et le but. Sans doute, d’autres éléments sont entrés en ligne de compte ; mais être d’accord sur la politique à suivre vis-à-vis de l’Einpire ottoman a toujours été la condition nécessaire au succès et à la durée de toutes les combinaisons européennes. Albert Sorel a admirablement montré comment les monarques coalisés contre la Révolution française étaient plus préoccupés des « jacobins de Pologne » et de l’avenir de la Turquie que de venger Louis XYI. Il serait facile de poursuivre, à travers tout le xix° siècle, une démonstration du même genre. Il a fallu l’injure faite, par le traité de Francfort, à la France et au droit qu’ont les peuples de disposer d’eux-mèmes, pour faire, pendant quelque temps, prédominer dans les combinaisons européennes un élément nouveau : la nécessité pour l’Allemagne de garantir et de consacrer ses conquêtes. Encore aurons-nous l’occasion de montrer que c’est sous leur aspect oriental et en relation avec les événements balkaniques qu’il convient d’étudier les origines, le développement et la décadence de ces conjonctions politiques, plus ou moins étroites et plus ou moins durables, qui se sont appelées ou s’appellent encore ¡’Alliance des trois empereurs, la Triple alliance et la Double alliance. Vis-à-vis de l’Empire ottoman, les rôles que peuvent prendre les grands Etats européens ne sont pas en nombre indéfini ; ils se réduisent en définitive à deux : les uns ont intérêt à précipiter sa ruine, pour