HO L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE II QUELLE PEUT ÊTRE L’ATTITUDE DE LA HONGRIE EN PRÉSENCE DU MOUVEMENT FÉDÉRALISTE ET DE LA POUSSÉE PANGERMANISTE EN AUTRICHE ? Depuis 1867, le gouvernement de Pesth influe profondément sur la vie politique de la Cisleithanie. Il est donc impossible de ne point se demander quelle peut être son attitude en présence des deux courants opposés, fédéraliste et pangermaniste, qui se manifestent en Autriche. § 1. — Une opposition constante à l’établissement d’un régime fédéraliste en Cisleithanie a dominé longtemps la politique de Pesth à l’égard de Vienne. De fort bonnes raisons justifiaient cette ligne de conduite. Écrasés par les Russes en 1848, les Magyars en ont ressenti une haine profonde pour tout ce qui était russophile. Sadowa, victoire prussienne, en permettant leur émancipation, les a jetés dans les bras des Hohenzollern. Bismarck est devenu d’abord leur dieu et ensuite leur soutien, chaque fois qu’il s’est agi de maintenir dans la dépendance les Slaves de Cisleithanie, dont l’émancipation eût pu provoquer celle des Slaves et des Roumains de Transleithanie. Tout a donc concouru à identifier la conduite des deux gouvernements de Berlin et de Pesth à l’égard de l’Autriche. L’intimité politique entre le Chancelier de fer et le comte Andrassy alla même si loin, qu’on pouvait croire qu’un traité secret existait entre eux, en vertu duquel les Hongrois s’engageaient à ouvrir aux Allemands la route de