AU SEUIL UU XX* SIÈCLE 317 simples citoyens doivent se borner à donner l’impression qu’ils sont mûrs pour cette tâche immense; que, dès qu’il le faudra, tout le peuple allemand, y compris sa fraction autrichienne, se laissera convaincre de la nécessité et de la justice de cette guerre (contre l’Autriche) et sera prêt à la soutenir de toutes ses forces (1). » Toutefois, le même auteur estime qu’il est possible, en agissant subitement et très rapidement, d’éviter cette guerre formidable. « Il faut, avant tout, remarquer que l’entrée des troupes impériales allemandes en Bohême et en Haute-Autriche ne doit pas nécessairement amener les Russes et les Français à nous prendre à la gorge (2). » Les Allemands, habitués aux succès de leur diplomatie, comptent en effet qu’elle aura su préparer le terrain politique avant l’opération militaire. Ils supposent que le chancelier berlinois arrivera à rompre l’alliance franco-russe ou à leurrer jusqu’au dernier moment le gouvernement français, en lui faisant entrevoir une grosse compensation, telle que, par exemple, la rétrocession d’une partie de l’Alsace-Lorraine, de même que Guillaume I“r a dupé Napoléon III par l’appât du Luxembourg. Dans ce cas, la Russie isolée deviendrait forcément hésitante, et, même si elle ne l’était pas, en raison des difficultés de sa mobilisation, il en résulterait une période pendant laquelle l’empereur Guillaume jouirait d’une entière liberté d’action. C’est à ce moment que se placerait l’intervention militaire. (1) « Die Zulänglichkeit unserer dermaligen Rüstungen kann natürlich nur von einem Fachrnanne beurteilt werden. Der einfache Bürger muss sich darauf beschränken, der Ueberzeugung Ausdruck zu geben, dass wir auch dieser gewaltigen Aufgabe gewachsen sind, sobald ps nur gelingt, das Deutsche Volk, auch den ostmärkischen Teil, von der Notwendigkeit und Gerechtigkeit dieses Krieges zu überzeugen und zum vollen Einsetzen all seiner Machtmittel zu entflammen, der jetzt bereit stehenden sowohl, als der einstweilen noch schlummernden. >» Idem. (2) « Hierzu sei vor allem bemerkt, dass ein Einmarsch reichsdeutscher Truppen nach Böhmen und Oberösterreich noch keineswegs die Russen und Franzosen uns auf den Hals ziehen muss. » Idem.