216 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE phiques, afin de réduire leurs frais, qui sont considérables, échangent entre elles les nouvelles de leurs pays respectifs. C’est ainsi que les informations sur l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie données aux journaux français par les agences de Paris sont généralement frelatées, alors que cependant la bonne foi et la loyauté de ces agences restent entières. 11 y a là très certainement le résultat d’une lacune grave dans l’organisation générale de la presse. Je n’ai pas à chercher ici les moyens de la combler. 11 me suffit de la constater et d’en tenir compte. Ce qui précède établit que, dans tout l’empire allemand, un nombre considérable de sociétés et de journaux prépare les esprits à admettre la réalisation du projet de la Grande-Allemagne. Leur action a été singulièrement facilitée par les encouragements que leur ont prodigués avec ostentation des personnalités d’une notoriété plus ou moins grande. Comme il est impossible de citer tous les Pangermanistes de marque, je rappellerai seulement quelques noms pris parmi les classes influentes de la société. Tout comme le Reichsrath de Vienne, le Reichstag de Berlin a son groupe de députés pangermanistes. « Le professeur Hasse, le Dr Lehr, M. Liebermann, le comte d’Arnim, s’attachent à sauver les Autrichiens, » dit l’un des publicistes de YOdin Verein (1). Sauver les Autrichiens, on se doute bien que cet euphémisme veut dire : préparer l’extension de l’empire aux dépens de l’Autriche. C’est ce qu’explique fort clairement, dans une de ses poésies, M. Liebermann, déjà cité : Dieu allemand, laisse arriver Ce que ton peuple implore. Sois présent dans l’avenir A la lutte des peuples. (1) Die Deutsche Politik der Zukunft, p. 10. Deutschvolkischer Verlaft « Odin », Munich, 1900.