12 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE Kossuth, indigné, fit voter par la Diète de Debreczen (14 avril 1849) la déchéance de la maison d’Autriche et l’indépendance de la Hongrie. A ce moment même, on apprit que le tsar Nicolas, cédant à la prière de l’empereur François-Joseph, mettait à sa disposition les armées russes pour dompter les Magyars révoltés. La politique astucieuse de la cour de Vienne, qui consistait à armer les peuples les uns contre les autres, triomphait. On l’appliqua partout, et partout ce procédé immoral réussit. En peu de temps, le succès fut complet. Déjà le prince Windischgraetz avait bombardé Prague. Radetzky reconquit la Lombardie, et les Magyars capitulèrent devant les Russes à Vilagos. Une fois de plus, les peuples étaient vaincus. François-Joseph oublia. Toutes les concessions faites furent retirées et le régime absolutiste remis en pratique dans toute son âpreté. L’empire entier fut soumis à un régime de compression à outrance. On s’ingénia à créer à Vienne un gouvernement centralisé dont la force militaire était l’unique fondement. La constitution historique de la Hongrie devint lettre morte. Le royaume de saint Étienne fut divisé en cinq cercles (1852), et là, aussi bien que dans le reste de l’État, les fonctions publiques furent exclusivement confiées à des Allemands. « Le centre étant à Vienne, en pays allemand, la centralisation aboutit à faire de l’allemand la langue universelle de l’empire (1)... » Partout, cefutune réaction violente contre les aspirations les plus ardentes des peuples autrichiens. Pendant quelques années, celte méthode permit de comprimer les sentiments nationaux, mais bientôt ils allaient acquérir une nouvelle force d’expansion. Monté sur le trône de France, Napoléon III proclama sainte la cause des nationalités et mit son honneur à la sou- (1) Ch. Seignobos, Histoire politique cle l’Europe contemporaine, p. 399. Colin, Paris, 1897.