AU SEUIL DU XXe SIÈCLE 19 restés pendant de longues années les fermes soutiens du « centralisme « viennois. L’évolution naturelle des choses a modifié ce point de vue tout récemment. L’adoucissement du régime russe, apporté à Varsovie par le prince Iméretinsky (1), a coïncidé avec le redoublement de rigueur du traitement que lft gouvernement de Guillaume II impose aux Polonais du grand-duché de Posen; l’hostilité des Polonais de Galicie s’est trouvée ainsi orientée, moins contre Pétersbourg que contre Berlin, et le « germanisme » leur est apparu désormais comme l’adversaire vraiment irréductible de leur nationalité; dans le même temps, la représentation polonaise au parlement de Vienne devenait plus accessible aux idées démocratiques ; enfin, l’autonomie de la Galicie était si fortement établie que sa restriction n’était plus à craindre.. Ces causes concordantes ont amené les députés polonais à faire alliance avec les autres Slaves cisleitbans et les Allemands vraiment libéraux pour former au Reichsrath cette majorité fédéraliste qui a maintenu au pouvoir le comte Badeni et le comte Thun. L’adhésion des Polonais au programme autonomiste des autres Slaves est d’une grande importance. Sans doute, au point de vue purement parlementaire, cette adhésion ne présente pas un caractère de stabilité absolue. Le club polonais comprend encore des membres fort imbus des vieilles idées aristocratiques, restés très influents, qui ne se montrent pas toujours disposés à suivre les Tchèques lorsque la tactique de ceux-ci comporte l’obstruction bruyante. Celte considération est d’ailleurs secondaire. Ce qui importe pour l’avenir, ce ne sont pas les combinaisons éphémères du Parlement, mais l’entente du « peuple » polonais de Galicie avec les autres « peuples » slaves de la Cisleithanie. Or, toutes les manifestations des dernières années tendent (1) Mort en décembre 1900.