AU SEUIL DU XXe SIECLE 57 guident la chancellerie berlinoise à l’égard de l’Autriche; elles sont directement inspirées des traditions de l’État prussien, dont l’objectif a toujours été de devenir la puissance dirigeante d’une confédération germanique aux bases sans cesse agrandies. Les Habsbourg ont fait obstacle à ces vastes ambitions, jusqu’au jour où il a été permis à la Prusse, victorieuse à Sadowa, d’asseoir son hégémonie sur l’empire allemand reconstitué à Versailles. Mais les Hohenzollern ne considèrent point leur mission historique comme terminée. Toutes les terres qui faisaient jadis partie du Saint-Empire romain de nation germanique ne sont point enfermées dans les frontières de l’empire actuel. Après une période d’accalmie, nécessitée par l’assimilation des conquêtes de 1870, les appétits traditionnels de la Prusse se réveillent. Les acquisitions coloniales ne sauraient les satisfaire. Les ambitions prussiennes menacent maintenant l’Autriche. L’explosion de ces convoitises ne peut pas surprendre. Après Édouard Hervé, le DrRieger, M. Louis Léger et quelques autres l’ont annoncée depuis longtemps avec une parfaite perspicacité. “ ... L’ambition allemande ne cessera de réclamer comme siennes des provinces — l’Autriche — qu’on lui a si longtemps attribuées et sur lesquelles elle s’est accoutumée à se croire un droit absolu (1). « Les Allemands ont toujours voulu faire de la Bohème une des colonnes de leur grand empire germanique (2). Voilà pourquoi aux deux instants où 1 empereur François-.) oseph a voulu écouter les conseils de son cœur et de sa raison, en faisant la réforme fédérale, un diplomate prussien s’est trouvé pour lui dire : « Tu n iras pas plus loin. » Voilà pourquoi en 1871 Bismarck envoie à Vienne le roi de Saxe exiger le renvoi de Hohen-wart et son remplacement par Auersperg; pourquoi en 1899 (1) Louis Léger, Histoire de l'Autriclie-Ifonqrie, p. 451. HachetteJ Paris, 1895. (2) Op. cit., p. 512.