AU SEUIL DU XXe SIÈCLE 91 allemand aurait le champ libre entre la mer du Nord et la mer Noire, avec un horizon largement ouvert sur l’Orient, le spectre du socialisme s’évanouirait de lui-même (1). Il est enfin un argument décisif à tous les points de vue : l’extension en Autriche apparaît comme une nécessité inéluctable pour l’empire allemand. Le peuple allemand a la mission historique de faire reculer le flot du nationalisme russo-slave. Toute idée d’abandon des Allemands habitant des deux côtés de la Leitha doit être considérée comme une infamie (2). L’Autriche actuelle ne peut consentir aux Allemands un modus vivendi qui soit à peu près acceptable (3). La Prusse n a-t-elle point d’ailleurs à suivre sa politique traditionnelle : empêcher les Habsbourg de faire de leur empire un État slave? C’est une question vitale pour l’empire allemand (£). Oui, sa sécurité l’exige; il a besoin d’être assuré qu’en aucun cas, derrière ses frontières du sud, ne se trouvera un État ennemi. Il doit s’opposer à la création en Cis-leithanie d’un empire slave, pouvant faire cause commune contre lui avec la Russie, la France et le Danemark (5). « Jusqu’ici, l’alliance avec l’Autriche y a suffi, mais son caractère a changé et notre diplomatie ne peut plus se dissimuler la valeur nulle de cette union (6). » Or, le « germait) Op. cit., p. 15. (2) « Es muss sich des Aufhebens der in den beiden Leithanien wohnhaften Deutschen als einer Ehrlosigkeit schämen. » Paul de Lagarde, Deutsche Schriften, p. 397. Dieterich, Göttingen, 1892. (3) « Das heutige Oesterreich kann auf gar keinen modus vivendi der Deutschen mehr eingehen, der für letztere nur halbwegs annehmbar väre. » Oesterreich als Einheitsstaat, p. 9. Deutschvölkischer Verlag “ Odin », Munich, 1900. . eine stattliche Lebensfrage für das Deutsche Reich, Die Deutsche olitili der Zukunft », p. 8. Deutschvölkischer Verlag « Odin ». Munich. J900. 1(5) «...dass nicht vor seiner Thüre ein slavisches Reich entstehe, das mit dem ändern slavischen Reiche im Osten, und mit Frankreich und Dänemark gegen Deutschland gemeinschaftliche Sache machen könnte. « Paul de Lagarde, Deutsche Schriften, p. 397. Dieterich, Göttingen, 1892. (6) V. la note 1, p. 33. ’ 6 ’