352 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE d’ailleurs le bon esprit de ne pas être exclusif. Il a cherché à se mettre bien avec tous. On l’a même aperçu dans quelques bals tchèques, ce qui lui a valu les attaques de certains Pangermanistes trop violents pour comprendre les avantages de la souplesse. Cette souplesse, ils l’ont même imputée à crime à l’actif consul, et le 28 février 1899, le ministre des affaires étrangères de l’empire allemand fut interpellé à la tribune du Reichstag sur les coupables condescendances de son agent de Prague envers la race inférieure des Tchèques. M. de Bülow répondit en lisant le rapport de son subordonné sur l’incident : « Je remarquerai, dit le baron de Seckendorf, que ma présence au bal en question (25 janvier 1899) a été la suite d’une invitation personnelle du comité organisateur. J’ai d’autant plus pensé devoir m’y rendre que depuis mon arrivée à Prague, j’ai fréquenté exclusivement les cercles allemands et qu’au moins huit fois sur dix je me suis rendu à des réjouissances ’semblables, organisées dans un but strictement nationaliste allemand (nur deutschnationalen Zivecken), sans que, pour cette participation, j’aie été blâmé de l’autre côté. » Cette réponse pleine de bon sens ne souffrait point de riposte. Le^baron de Seckendorf fut maintenu à Prague. Il a conservé son attitude insinuante et a même assisté à l’installation du Dr Srb, le nouveau maire de Prague. Encore une fois, les Prussophiles fanatiques ont crié à la trahison, car, horreur! le Dr Srb n’a fait qu’un seul discours en tchèque. Ces criailleries sans importance n’émeuvent aucunement la chancellerie berlinoise, qui, avec une constance imperturbable, maintient M. de Seckendorf à Prague. Elle a sans doute pour cela de bonnes raisons. Des gens fort bien informés assurent que le consul allemand, dans la capitale bohème, continue l’œuvre commencée à Seraïevo, et qu’en dépit de sa brouille avec les plus violents, il entretient des relations suivies et très utiles avec les chefs pan-