394 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE On conçoit volontiers que la Strasburger Post préconise une entente sur de pareilles bases. Il est clair, en effet, que le jour où la France serait entrée dans le Zollverein, le prix des articles allemands, qui ne seraient plus arrétés par la ligne douanière, deviendrait si bas, que les Français seraient contraints de les consommer de préférence à ceux de leur industrie propre. Par ce seul fait, celle-ci serait mortellement et généralement atteinte. Dans les deux cas, l’industrie et le commerce français subiraient donc un désastre dont l’intensité seule varierait. La question il’Autriche est enfin sociale. Les effets économiques de l’extension du Zollverein à l’Autriche atteindraient en effet individuellement la masse la plus intéressante des Français. Les trois millions de patrons chefs d industries et les huit cent mille commerçants ne seraient pas les seuls atteints dans leur fortune. Les six millions et demi de Français qui vivent des salaires payés par les premiers et les trois millions de Français dont les traitements servis par les seconds sont l’aliment quotidien, auraient à supporter par la force même des choses le poids du désastre économique. Tous ces ouvriers et tous ces employés verraient soit leurs salaires menacés de réduction, soit le chômage se généraliser. Or, la prospérité des individus qui vivent du commerce et de l’industrie déterminant celle de ceux qui vivent de et ses objets (l’art et de luxe; l’Allemagne vendrait à la France ses machines et ses objets manufacturés. « Ces échanges auraient pour conséquence nécessaire un abaissement notable des tarifs douaniers. Beaucoup d’économistes affirment même que l’accord commercial devrait aller beaucoup plus loin, et qu’il faudrait établir entre la France et l'Allemagne réconciliées un véritable Zollverein. » Puisque l'Europe nouvelle s’enthousiasme pour un pareil projet, deux remarques ne sont pas inutiles : 1° Les vins, les objets d’art et de luxe sont des produits dont la vente s’impose généralement à peu près en dehors de toute considération douanière; 2° Que deviendraient les millions d’ouvriers français qui vivent présentement de la fabrication des machines et des objets manufacturés que rAllemagne fournirait ?