16' L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE que l’Allemagne, ne pouvant se suffire par elle-méme, est dans l’obligation d’acheter chaque année à l’étranger pour près de deux milliards de francs d’objets indispensables à sa consommation, grains, animaux, bois, etc. L’empire allemand doit par conséquent gagner sur son commerce extérieur deux milliards de francs avant d’avoir accru d’un pfennig son capital national. L’enrichissement de l’Allemagne est donc loin d’avoir été aussi considérable qu’une série de publications récentes et fort enthousiastes le laisse supposer. Ces faits synchroniques, fermeture des plus importants débouchés, diminution des bénéfices nets, insuffisance des capitaux, surproduction, dépendance de l’étranger pour les produits de consommation, amènent à conclure qu’à la période si brillante, par laquelle l’Allemagne vient de passer, va succéder une ère pleine de difficultés. Le moyen de les résoudre consiste essentiellement dans l’ouverture de nouveaux débouchés, propres à remplacer ceux qui sont en voie de se fermer. Le gouvernement de Berlin est pénétré de cette nécessité et, visiblement, toutes ses combinaisons politiques sont déterminées par la volonté d’v satisfaire. Avec beaucoup d’habileté, les Pangermanistes ont tiré parti de cette situation toute nouvelle. Leurs idées, affir-menl-ils, contiennent en germe la solution du problème des débouchés. C’est ce que montre, avec beaucoup de clarté, le Dr Hasse, député de Leipzig au Ileichstag et président de YAlld.eutsch.er Verband, dans sa brochure : la Politique allemande universelle (1). « De nombreux dangers menacent l’Allemagne, dit-il. Pour y parer, une tension plus grande des forces existantes sera à peine suffisante (2). L’Allemagne ne peut pas sans péril suivre l’exemple de l’Angleterre et consacrer tout son (1) Dr E. Hasse, Deutsche Weltpolitik. Lehmann, Munich, 1897. (2) « Eine hohere Anspannung (1er vorhandenen Krafte wird kaum aus-reiclien. » Op. citp. 8.