AU SEUIL DU XX' SIÈCLE 289 déric le Grand contre le continent coalisé (1) » . L’examen des hypothèses d’une intervention armée de l’Allemagne amène nécessairement à admettre qu’à la suite d’un événement quelconque la « question d’Autriche » se posera brusquement devant l’Europe. Il s’agira alors de la résoudre rapidement, et il est clair qu’en cette occurrence, seuls les gouvernements qui auront prévu l’événement, avec toutes ses conséquences, seront à même d’agir avec décision et conformément à leurs intérêts. § 1. — Le cas envisagé le plus communément comme susceptible de déterminer une intervention armée de l’Allemagne en Autriche est celui de l’ouverture de la succession au trône de François-Joseph. Cette idée s’est implantée fortement, surtout en raison de la croyance insinuée avec constance et depuis longtemps que la monarchie des Habsbourg est dans un véritable état de dissolution et que les volontés des peuples cisleithans sont tout à fait divergentes. Je crois avoir suffisamment démontré au chapitre IV en quoi cette croyance n’est pas conforme aux réalités. Non, le seul fait de la mort de François-Joseph ne déterminera pas le démembrement de l’Autriche. Est-ce à dire cependant que cet instant ne soit pas redoutable et que le calme se maintiendra? C’est là une toute autre question. Ceux qui depuis tant d’années ont répandu, avec une persistance si grande, les idées les plus fausses sur l’Autriche, n’ont-ils pas choisi précisément cette échéance de la mort de François-Joseph, comme le moment décisif de leur action? Les précédents historiques légitiment cette supposition ; Bismarck a falsifié la dépêche d’Ems, à l’instant où il a constaté l’achèvement des préparatifs politiques et militaires qu’il dissimula avec tant d’art pendant des années. (i) V. Deutschland bei Beginn des 20. Jahrhunderts, p. 6. Militar-Verlag R. Félix. Berlin, 1900. 19