32 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE de la nécessité prussienne de conserver au « germanisme » sa prédominance en Cisleithanie, redoute par-dessus tout l’application d’un régime fédéraliste à l’Autriche. En présence de la majorité, qui s’est prononcée pour cette réforme au Reichsrath, devant l’impuissance de l’opposition violente d’un groupe d’Allemands, il comprit que la thèse fédérale allait triompher, si on ne lui faisait promptement échec. Visiblement, la chancellerie berlinoise était inquiète. Un article fort curieux de la Gegenwart refléta son état d’esprit : « Le gouvernement de l’empire allemand a dû éviter toute apparence d’immixtion dans les affaires intérieures de son allié; il a dû, à cause de l’alliance existante, garder cette réserve, même quand les intérêts de la race allemande ont été sacrifiés à la politique intérieure de l’Autriche. Il est vrai que ces égards ont leurs limites. Ces limites viennent d’ètre franchies par la partie adverse. L’alliance austro-allemande est basée sur les fondements allemands de ces deux Etats qui, autrefois, étaient unis par la Confédération germanique. Aujourd’hui, cette condition importante du traité d’amitié n’existe plus. On a conclu l’alliance austro-allemande contre les agressions franco-russes, donc contre toute action antiallemande du continent européen. Le caractère de l’alliance a changé et notre diplomatie ne peut plus se dissimuler que la valeur de cette union est devenue presque nulle. On ne peut pas demander à l’Allemagne de confier à une Autriche slave la mission de sauvegarder l’empire contre la Russie, dans le cas d’un coup de main français. Le moment est venu où l’Allemagne doit sortir de la réserve. Aussi, tout fait croire que de Berlin on a envoyé des conseils amicaux à Vienne. « Comme voisins, nous ne saurions tolérer que la Bohême, la Moravie et la Silésie deviennent des pays slaves, et nous devrons prendre fait et cause pour nos compatriotes, ce dont nous sommes pour le moment empêchés par le traité qui