408 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE çais que la simple extension du Zollverein allemand à l’Autriche troublerait profondément leur commerce, leur industrie, leurs salaires dans toute l’étendue du territoire français ; que l’intervention allemande en Autriche, c’est fatalement la guerre, puisque l’Allemagne en absorbant l’Autriche deviendrait une puissance « napoléonienne » et que tout empire de conception « napoléonienne » ne peut se soutenir que par la guerre. Si les grands organes de la presse française le veulent, ils peuvent rendre à la République le plus signalé des services. Sans doute, les Français sont divisés par leurs querelles intérieures, mais, par un curieux effet de la force des choses, les principaux groupements qui englobent la presque totalité des Français ont des raisons faciles à concevoir d’adopter la même ligne de conduite à l’égard des événements qui se préparent en Europe centrale. Puisque gouverner, c’est prévoir, les gouvernementaux ne peuvent évidemment pas se refuser à envisager une situation qui met enjeu l’avenir du pays tout entier ; l’histoire serait sans pitié pour une semblable inconscience. Les républicains libéraux de la nuance Méline, qui, eux, n’ont jamais séparé la défense de la France de celle de la République, veulent très certainement garantir leur pays contre tout danger extérieur. Le concours des nationalistes n’est pas douteux, puisqu’ils mettent au-dessus de toutes choses la défense des intérêts généraux de la Patrie française. Les socialistes non nationalistes, quelles que soient leurs sympathies ou leur école, ne peuvent pas davantage se soustraire à l’obligation d’assurer la masse des ouvriers français contre les suites funestes de l’extension du Zollverein à l’Autriche; sinon, ils démontreraient, avec un éclat dangereux pour leur cause, la vanité de leurs théories. Les [antimilitaristes eux-mêmes, groupe peu nombreux, mais disposant de grands moyens, ont, s’ils sont logiques, les raisons les plus fondées de prévenir, par un emploi judicieux des forces armées