AU SEUIL DU XXe SIÈCLE 85 lement admissible. La situation intérieure de l’Allemagne n’est pas un obstacle, elle constitue, au contraire, un élément de succès, car elle fait comprendre au peuple allemand l’étroitesse de ses frontières actuelles (1). Sans doute, une politique continentale d’expansion a ses dangers, mais a-t-on jamais atteint aisément un but élevé? Les hommes d’État aux affaires doivent le reconnaître; dans cette occurrence, le péril serait moindre que celui qu’il fallut courir, lors de l’acquisition de la Silésie ou dans les années 1806, 1864 et 1866. C’est aux diplomates à atténuer ou même à conjurer les dangers extérieurs susceptibles de se produire (2). Les événements de 1870, surtout, constituent un encouragement. Le Pangermanisme ne paraît-il pas plus facile à réaliser que ne le fut, pour le prince de Bismarck, l’union des « tribus » du centre (3) ? Ce que le grand Frédéric et le prince de Bismarck ont pu faire, leurs successeurs doivent pouvoir le faire à leur tour. La Prusse a toujours été entourée de dangers; si elle renonçait maintenant à son initiative propre par crainte de complications, cela équivaudrait pour elle à désespérer de l’avenir (4). Certes, ¡1 y a des obstacles, mais ils ne sont pas insurmontables. Plus la mission d’un peuple est pénible à remplir et plus brillante est sa gloire (5). Un grand peuple ne peut se maintenir alerte et vivant qu’en cherchant toujours à s’étendre (6). Quand Bismarck, dans ses Souvenirs, prêche la paix constamment et conseille à l’Allemagne de mépriser les provocations, il encourage nos voisins et bons amis à l’imperti- (1) 'S . G. Waldersee, Was Deustchland braucht, p. 7. Thormann, Berlin, 1895. (2) Idem. (3) V. F. Bley, Die Weltstellung des Deutschtums, p. 39 et 40. Lehmann, Munich, 1897. (4) V.G.Wai ^dersee, Was Deutschland braucht y p. 9. Thormann, Berlin, 1895. V ’ (5) \ . Paul dx Lagarde, Deutsche Schriften, p. 110. Göttingen, 1892. (6) Deutschland bei Beginn des 20. Jahrhunderts, p. 41. Militär Verlas. R. Félix, Berlin, 190*V