192 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE Elle ne fut moins heureuse que plus tard. Alors que la Hongrie a reconquis lentement sa liberté, la Bohème n’y est pas encore parvenue. Si elle réussit maintenant à atteindre la situation que la Hongrie, plus heureuse, a déjà, pourquoi en prendrions-nous ombrage? Non seulement, nous ne devons pas nous opposer aux efforts des Tchèques, mais nous devons au contraire les favoriser. Si nous y faisons obstacle, il peut arriver deux choses : d’abord le maintien de la situation présente, qui non seulement peut nuire à l’union existant entre l’Autriche et la Hongrie, mais encore amoindrir la situation de l’Etat austro-hongrois en tant que grande puissance ; ou bien la fin de la situation actuelle par un retour à l’absolutisme, les nationalités autrichiennes étant trop fortes et leur opposition trop absolue pour que la vie constitutionnelle ou parlementaire soit possible. Mais, pratiquer l’absolutisme en Autriche, c’est préparer une explosion épouvantable dont les effets pourraient bien être de remettre la Hongrie au point où elle était en 1848 et de tourner contre les Magyars non seulement la force du roi, mais encore celle des autres États. S'opposer à ïaccomplissement des vœux naturels des Tchèques, c’est donc ménager un état de choses dont il ne sortira rien de bon pour la Hongrie. Puisse l’opinion publique hongroise bien réfléchir à quels résultats elle peut aboutir, si elle persiste à protéger l’hégémonie allemande ! Alors elle prendra parti pour les Tchèques. » Cet article , que jamais on n’aurait cru voir paraître dans un journal de Pesth, est d’une grande importance. Il est la preuve matérielle des tendances conciliatrices des Magyars. Il montre qu’à Pesth les gens'perspicaces se rendent parfaitement compte qu’il faut choisir entre l’établissement du « fédéralisme » en Gisleithanie ou accepter la mainmise de l’empire allemand sur l’Autriche. Il y a ainsi deux systèmes à suivre. L’ancien aboutit à déchaîner le « germanisme » dans des conditions détestables pour la