PRÉFACE v dans des conditions nouvelles, appropriées aux nécessités de notre temps. » Si Édouard Hervé a vu si clair, c’est qu’il était un de ceux qui avaient compris l’importance des peuples slaves de l’Autriche dans le système politique européen et la portée profonde de ce que disait le Dr Rieger dans les voyages qu’il fit à Paris entre 1866 et 1870. Le but du grand chef politique de la Bohème était d’attirer l’attention des hommes influents sur les conséquences inévitables de Sadowa. Il causa avec Émile de Girardin; Duruy le reçut à sa maison de campagne ; la princesseTrou-betzkoï le mit en relations avecGambetta et Mme Cornu, soeur de lait de Napoléon III, obtint pour lui une audience impériale. L’empereur des Français écouta avec grande attention l’homme d’État tchèque et le congédia sur ces mots : « Si, au moins, je pouvais faire pour vous ce que j’ai fait pour les Hongrois! » paroles qui trahissaient bien l’impuissance où il se voyait déjà à soutenir plus longtemps le principe des nationalités qu’il sentait se retourner contre lui. En quittant l’empereur, le Dr Rieger lui laissa un mémoire sur la situation de l’Europe centrale. Après l’avoir lu, Napoléon III le remit au duc de Grammont, alors ambassadeur de France à Vienne, qui, avec une inconcevable légèreté, le communiqua à M. de Beust. L’ancien ministre du roi de Saxe, devenu diplomate autrichien, y trouva des idées en opposition absolue avec les siennes. Fort mécontent de la démarche du Dr Rieger auprès des Français, il prit une copie du mémoire et la fit publier dans la JSeue Freie Presse. Les Allemands n’eurent