AU SEUIL DU XXe SIÈCLE 40» devront peut-être lutter et souffrir longtemps encore, mais ils peuvent être convaincus de la justice de leur cause... Quant aux Allemands d’Autriche, tôt ou tard, ils devront s’arranger avec la majorité slave en Autriche, comme ils l’ont fait en Hongrie avec les Magyars. « Cette opinion est devenue celle des Russes, qui, même il y a peu d’années, absorbés parla question d’Oricnt, admettaient de laisser l’Allemagne s’étendre jusqu’à l’Adriatique: « Quand on médite attentivement sur ce qui se dit et ce qui se fait en Allemagne, on se demande comment il y a des gens assez fous en Autriche-Hongrie pour ne pas voir que la seule chance pour la conservation de leur nationalité — même non slave — est dans le « fédéralisme (1). » M. de Gorlof, l’auteur de ces lignes, collaborateur très distingué du Novoié Vrémia et du Sviet, a très nettement exposé la nature du danger qui s’approche : « L’Allemagne cherche à englober progressivement tout ce qui l’entoure. Elle s’empare peu à peu de l’Europe centrale, du Cattégat au Bosphore, et continue son chemin vers l’Asie et l’Afrique par l’Asie Mineure et la Palestine. En résumé, l’Europe devient sa base d’opérations contre le restant du monde (2). » M. de Gorlof en déduit la politique à suivre : « Les sympathies de vingt-cinq millions de Slaves en Autriche-Hongrie et en Turquie sont acquises à la France et à la Russie. Il s’agit de convertir ces sympathies en quelque chose de palpable (3). H « La grande erreur de la France, comme de la Russie, comme de l’Angleterre, est de ne pas tenir assez compte de l’élément local. Seule l’Allemagne l’apprécie à sa juste valeur, mais elle a beau faire, il lui est hostile. Cet élément, il ne convient pas cle s'en occuper au moment de partir en guerre. Il serait trop tard, et les services qu’il ren- (1) Y. de Gorlof, Pensée slave, 12 janvier 1901. Trieste. (2) V. de Gorlof, la Question d*Orient au vingtième siècle, p. 7. Ventre. Nice, 1899. (3) Op. cit., p. J5.