14 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE rage immédiat de l’empereur, ceux-ci s’ingénièrent à réagir contre une réforme qui les dépossédait. Ils réussirent si bien à dissuader François-Joseph d’accomplir toute réforme que, le 26 février 1861, ce dernier, ne considérant plus que les intérêts du « germanisme » , promulgua une constitution qui était la négation du diplôme. Comme par le passé, les Allemands gardent tous les fds de l’administration, mais les peuples non allemands, surexcités par la perspective d’une prochaine libération, sont plus ardents que jamais, les Hongrois surtout. Leurs récriminations dominent celles des Slaves et amènent une période pleine de troubles qui se prolonge jusqu’en 1866. Le désastre de Sadowa survient au milieu de ces complications. Les Magyars, avec une grande intelligence politique, sentent qu’il faut profiter de la situation inextricable où se débat le gouvernement de Vienne. Cette fois, la nécessité d’une transformation s’impose inéluctable à François-Joseph. Deux procédés s’offrent à son choix. Le premier consiste à fédéraliser l’Autriche entière sur la base du diplôme de 1860, c’est-à-dire à donner l’autonomie administrative aux divers pays de la monarchie, en respectant leurs droits historiques ; le second n’est en réalité qu’un expédient : il s’agit de faire la part du feu, de traiter avec la nationalité la plus forte, celle des Magyars, pour partager avec eux à la fois le pouvoir et la domination des autres peuples. Conseillé par l’Allemand de Beust, ancien ministre du roi de Saxe (1), l’empereur d’Autriche s’arrêta à ce dernier système. Par la constitution promulguée le 22 décembre 1867, il établit le « dualisme » austro-hongrois, qui subsiste encore aujourd’hui. L’Autriche de 1815 est alors arbitrairement partagée en deux régions : la Hongrie ou Transleithanie et l’Autriche (1) De Beust était entré au service de François-Joseph en octobre 1865.