44 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE s’est généralisé dans toute la Bohême allemande, sauf dans certaines parties du nord où les industriels allemands, qui emploient des ouvriers tchèques, ne peuvent se passer complètement de leurs services, à cause du has prix de leur main-d’œuvre. En revanche, ils les soumettent à des vexations sans nombre et les menacent de renvoi, s’ils demandent l’application de la loi sur l’enseignement qui leur permet d’obtenir la création d’écoles tchèques lorsque quarante enfants tchèques ont été inscrits pendant cinq années consécutives sur les listes scolaires. Les cas où les Allemands n’hésitent pas à faire emploi de la force brutale sont malheureusement fréquents. Le Dr Karel Baxa en a fait connaître toute une série à la Diète de Bohême : c’est par exemple une bande d’Alle-mands qui assaille les mineurs tchèques de Most (Brüx). Leurs camarades de Havrany, localité du voisinage, viennent à leur secours. Avertis à temps, les Allemands vont les surprendre dans la nuit du 9 août 1897, brisent leur mobilier et en blessent un grand nombre. Ce sont les écoles tchèques qui concentrent spécialement les colères germaniques ; celle de Podmokly (Bodenbacli) est attaquée par un millier d’Allemands armés de bâtons et de haches ; celle de Dubenetz est incendiée; pendant l’été, les touristes tchèques qui se risquent dans le nord de la Bohême sont fréquemment frappés s’ils osent parler leur langue ; à Most (Brüx), les monuments funéraires qui portaient des inscriptions en langue tchèque ont été brisés. Ce sont là des faits typiques; on pourrait en relever des milliers. Des populations capables d’actes aussi fanatiques élisent nécessairement des députés d’une intransigeance absolue. Pour ceux-ci, les progrès des Slaves n’existent pas; les droits historiques de la Bohême sont sans valeur; la seule Autriche qu’ils comprennent, c’est l’Autriche centralisée à leur profit exclusif ; les seules lois qu’ils admettent, ce sont celles qui assurent leur suprématie. Majorité, justice,