AU SEUIL DU XXe SIÈCLE 223 gne l’influence des professeurs d’université. On conçoit donc que leur manifestation ait achevé de passionner leurs élèves pour les idées pangermanistes. Il en est de même dans un grand nombre de collèges, où ont été fondés des Jugendbunde, pareils à ceux que le député Wolf a établis en Autriche. Cet embrigadement méthodique de la jeunesse est un fait capital dont l’importance est très grande pour l’avenir. L’Union pangermanique utilise merveilleusement ces forces jeunes et ardentes.« Laissons pendant deux semestres, conseille-t-elle aux parents, nos étudiants de l’empire s’imprégner à l’Université allemande de Graz de l’idéalisme renouvelé d’une population allemande, luttant pour sa liberté nationale (1). « Cette invitation a été entendue. Graz abrite maintenant un grand nombre de jeunes sujets de l’empereur Guillaume, mais c’est surtout à Prague (2) que les étudiants de l’empire se réunissent et se montrent d’une conibattivité particulière. La capitale tchèque possède deux Universités : l’Univer-sité tchèque, autorisée par François-Joseph en 1882, est en progrès constants ; l’Université allemande, au contraire, se soutient si difficilement qu’il aurait été question de la supprimer si la campagne pangermaniste n’avait amené les inscriptions en chiffre suffisant des étudiants de l’empire. Dans une lettre aux AkademiscUe Bldlter de Berlin, l’un d’eux expose, sans réserves, la raison de cet exode : «Nous allons à Prague, dit-il, parce que si, sur les bancs de son Université, on nous donne des cartes où les frontières politiques et nationales sont mal dessinées, la tache qu’y font (1) « Lassen wir unsere reichsdeutschen Studenten ein paar Semester sich aaf der deutschen Unîversitat Graz erfülh'n von dem frischen Idealismus einer um ilir Volkstuin kiimpfenden deutschen Biirgerschaft.. » Alldeutschc Blaitev, 1898, p. 165. (2) La population de Prague, y compris le.1* faubourgs, se compose de 264,000 Tchèques et de 40,000 Allemands, dont 21,000 Israélites. llecen-sernent de 1890.