404 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE ter dans sa marche. Une seule puissance, le « Slavisme », peut encore faire obstacle à la poussée du « Germanisme » . La lutte entre les Slaves et les Allemands en Autriche est le prélude de futurs événements. Cette lutte se produira en Russie quand l’élément allemand s’y sentira assez fort... En pays slave, les Allemands ne sont étrangers que le temps nécessaire pour s’v consolider; ils élèvent ensuite leurs prétentions à la domination. L’Allemand supplante le Russe partout. .. Dans toutes les grandes villes, surtout dans celles du sud, il y a des colonies qui sans doute se conduisent loyalement et paisiblement; mais nous ne pouvons plus compter sur la russification des dernières générations de ccs colonies allemandes. Pour renoncer à cet espoir, il suffit de penser aux nombreux abonnements des journaux allemands de Moscou et d’Odessa et d’observer quelle langue on parle dans les wagons de première et de seconde classe sur certaines lignes russes. Inévitablement le vingtième siècle amènera en Russie un conflit entre l’élément allemand et l’élément russe (1). » Cette pénétration de leur propre pays par les Allemands aide singulièrement les Russes à comprendre la véritable nature du danger autrichien. Aussi, les grands organes de Moscou et de Pétersbourg tiennent-ils maintenant un langage qui est l’inverse de celui de Gortchakoff. Les Novosti, envisageant la situation en Cisleithanie, en juin 1900, concluaient : « Il est indispensable de transformer complètement l’organisation de l’Etat autrichien... Le premier pas dans cette voie serait la restauration des droits du royaume de Bohême, caria Bohême, la Moravie et la Silésie forment un tout indivisible. Le deuxième pas serait l’attribution aux diètes locales d’un nombre considérable d’affaires qui actuellement sonL de la compétence du Reichs-rath... Pour qu’un tel programme se réalise, les Tchèques (1) Y. Politik. Prague, 14 février 1900.