406 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE (Irait seraient presque nuls. A l’instar de iAllemagne, cest maintenant, c’est tous les jours, c’est en pleine paix qu’il faut s’en occuper (1). » Il faut donc aider à la fédération morale des Slaves de l’Europe centrale. « Il y aurait là une barrière de vingt-cinq millions de Slaves appuyés aux deux bouts par la France et la Russie, voire même par l’Italie. Cette barrière serait inexpugnable. On aurait dit à l’Allemagne : « Tu « peux aller jusque là et pas plus loin. » D’ailleurs, hors de l’Europe, l’Allemagne aurait plus que jamais un champ ouvert à son activité, et l’intérêt des autres nations du continent serait de l’y engager, et même de la seconder au besoin (2). » « La Russie voudrait voir François-Joseph régnant sur une Autriche fédéralisée, amie de la France et de la Russie (3).» Yoilà ce que souhaitent les Russes dans les hypothèses de paix. Leurs idées dans les hypothèses de guerre ne sont pas moins fixées. Lorsque le député Türk menaça lesTchèques des troupes de Guillaume II (voir p. 136), les Moskoivski Viedémosti déclarèrent : n Versera-t-on le sang tchèque en Autriche ? Les Allemands sont déjà prêts à appeler en Bohême les régiments allemands. Croient-ils donc que la Russie verrait détruire avec impassibilité des millions de Slaves pour la plus grande gloire de lAllemagne ! » Plus récemment enfin, un publiciste russe a précisé encore davantage : « Nous savons que l’Allemagne se prépare à annexer à la première occasion favorable les Allemands d’Autriche et à faire un saut jusqu’à Vienne et jusqu’à la mer Adriatique. Si l’Allemagne ne visait que les Allemands d’Autriche, cela ne nous regarderait pas, puisque l’Allemagne, même plus puissante qu’aujourd’hui, ne serait pas dangereuse pour la Russie... Mais il reste un cas où la Russie pourrait être obligée d’accourir encore une fois à laide de ïAutriche pour la défendre (1) Idem. (2) Op. cit., p. 19. (3) Op. cit., p. 22.