222 L’EUROPE ET LA QUESTION D AUTRICHE a obtenus dans l’empire allemand constituent à la fois une preuve nouvelle de sa force et un avertissement précieux pour ceux qui songent à l’avenir. Dès sa création, l’Union pangermanique a trouvé des adhérents particulièrement dévoués dans les élèves des écoles supérieures. Au début de 1897, une délégation d’étudiants de l’empire alla à Vienne encourager les camarades autrichiens et leur dire : « Nous n’oublierons jamais la Marche de l’Est, pas plus que nous n’avons oublié Strasbourg. L’avenir le montrera (1). « En raison de cet état d’esprit, les ordonnances du comte Badeni soulevèrent des protestations particulièrement violentes chez les étudiants de l’empire. La corporation de Leipzig convoqua tous les condisciples, tous les frères allemands de l’empire et du dehors de l’empire (Kommilïtonen, Deutsche Slainmesbrüder in und ausser dern Reiche) à- une réunion pangermaniste (Alldeulsche Tagung), à un grand banquet pangermaniste (Grosser Alldeutscher Kommers) dont on devine l’objet (2). Au lieu de chercher à arrêter le mouvement, les professeurs firent tout ce qu’il fallait pour l’accentuer. Lorsque la presse de l’empire attaqua les Slaves d’Autriche et sollicita les manifestations en faveur des Allemands de Gisleithanie, les professeurs (3) ordinaires des Universités d’Allemagne, sur l’initiative de l’Université de Heidelberg, firent une manifestation qui mérite d’être particulièrement retenue. 816 sur 1,100 (soit les trois quarts) envoyèrent, dans l’été de 1897, une adresse aux professeurs de l’Université allemande de Prague pour les engager à lutter vigoureusement contre les Tchèques. On sait combien est considérable en Allema- (1) « Wir werden die Ostmark nie vergessen, so wenig wie wir Strassbuig vergessen haben; die Znkunft wiid’s b hren. » Vienne, janvier 1897. (2) Cet appel, fait au nom de iAu.sschu.ts studentischer Korporationen Leipzigs, était signé de Karl Ylüller, étudiant en droit. Schletterstrasse, 14,1. (3) On compte plus de trente professeurs dans le comité de l’Uniou pan-germanique.