AU SEUIL I)U XXe SIÈCLE 32» le régime d’arbitraire, bien qu’appliqué aux Polonais de Pos-nanie depuis plus de cent ans, n’a pas fait réaliser de progrès sensibles à la germanisation, on peut admettre, en raison des preuves de vitalité qu’ils viennent de donner, que les Tchèques résisteraient encore plus aisément que les Polonais. Il est certain même que tous ces sujets, allemands par la force, humiliés, brutalisés, soumis à des impôts écrasants, s’uniraient moralement contre leurs oppresseurs ; mais quelle résistance pratique pourraient-ils opposer à un gouvernement qui a l’habitude séculaire de contenir les peuples conquis et récalcitrants? Sans doute, il ne les assimile pas, mais il les domine. N’ayant rien à craindre, au point de vue militaire, d’un accroissement de sujets slaves, il ne craindrait pas davantage leur opposition politique. Le danger catholique, en raison même des traditions prussiennes, paraîtrait devoir être infiniment plus réel. L’empire allemand d’aujourd’hui compte, sur ses 52,000,000 d’habitants : Protestants, 31,000,000, soit (33 pour 100, Catholiques, 17,500,000, soit 35,8 pour 100 (1). Si l’on ajoute parmi les Allemands d’Autriche : Catholiques, 8,500,000, Protestants, 500,000, protestants et catholiques allemands, c'est-à-dire ceux qui pourraient avoir une influence quelconque sur le gouvernement, se trouveraient être dans la Confédération supposée : Catholiques, 26,000,000, Protestants, 31,500,000. Ces derniers ne disposeraient donc plus que d’une faible majorité pour leur assurer la direction des affaires. Il est très certain qu’il y a une dizaine d’années on n’eût jamais consenti à Berlin à envisager une semblable hypothèse; mais, comme je l’ai exposé, la politique mondiale de (1) Les Israélites représentent les 1,2 pour cent du total.