AU SEUIL DU XX' SIÈCLE 311 tielle leur ordonnant de refuser aux officiers l’autorisation de se battre. De telles mesures sont restées inefficaces. L’hostilité entre las éléments slaves et allemands de l’armée est si complète que les autorités supérieures en sont réduites à faire surveiller les officiers par les soldats et les soldats par les officiers. Par application de ce système, on met le plus grand soin, après chaque promotion, à répartir les officiers slaves dans les régiments de majorité allemande et les officiers allemands dans ceux dont les soldats sont en majorité slaves : ce procédé reste défectueux en raison du petit nombre d’officiers allemands qui parlent les langues slaves et il accroît encore la portée de l’inconvénient linguistique signalé plus haut. Naturellement, les hommes de troupe apportent encore moins de réserve que les officiers dans la manifestation de leurs sentiments. Bien que la censure autrichienne s’applique à empêcher les incidents fâcheux de parvenir à la publicité, on connaît assez de faits précis pour apprécier le degré de haine qui existe entre soldats slaves et soldats allemands. Dans son discours du 18 janvier 1898 à la Diète de Bohême, le Dr Karel Baxa, parlant peu après les troubles de Prague, a dit textuellement : « Je possède des renseignements tout à fait authentiques sur les troubles qui se sont déroulés dans les casernes Ferdinand, Joseph et Gernin. 11 y eut là des querelles, non seulement entre les soldats, mais encore entre les officiers. « « Dans les casernes de Ferdinand, la bagarre fut telle qu’on dut sonner l’alarme pour en finir. Aux casernes de Joseph l’ordre fut rétabli, grâce aux soldats qu’on fit venir de la caserne Ferdinand. » Depuis lors, cet état d’esprit regrettable n’a fait que s’accroître. Pendant les manœuvres de septembre 1899, les chasseurs allemands d’Eger se sont battus avec l’infanterie tchèque; il y eut des blessés des deux côtés. Aux manœuvres de 1900, les incidents ont été encore plus nombreux et plus graves.