268 L’EUROPE ET LA QUESTION I>’ATJTIiICIIE La seconde déduction, c’est que, dans la même hypothèse, les deux puissantes lignes fortifiées de l’est et de l’ouest sont destinées à permettre aux armées de choc, dont le colonel de Bernhardi et le général von der Golz exposent si clairement le rôle foudroyant, de se former en toute sécurité à l’abri de cette ligne cuirassée. On verra au chapitre suivant en considération de quelle nécessité les Allemands se sont ménagé cette faculté. Les diverses mesures déjà exposées paraissent dépasser de beaucoup celles que prennent les Etats qui veulent simplement assurer leur sécurité; une série de faits établissent que l’empereur Guillaume lésa prises en vue d’événements qu’il considère comme prochains. Depuis deux ans, il pousse le rajeunissement des cadres de son armée avec une activité qui ne fut jamais atteinte à aucune époque et dans aucun pays. En 1899, plus de 700 officiers de tous grades, dont 526 pour les seules troupes prussiennes et 351 autres, du 1er mai au 15 novembre 1900, ont dû prendre une retraite anticipée. Ainsi l’armée allemande possède maintenant les généraux de beaucoup les plus jeunes. Il est incontestable que de ce chef elle s’assure sur toutes les autres une supériorité très marquée. Dans la même période de temps, on a remarqué l’activité particulière mise à l’entraînement des pigeons voyageurs ; fait digne de remarque, on assure que les navires de la Hamburg-America-Linie, dont la première escale est à Cherbourg, en font un lâcher à chaque voyage. Les travaux de fortification en Alsace-Lorraine sont menés avec une hâte qui constitue, elle aussi, un sujet de vif étonnement pour les Français des pays annexés. En septembre 1899, l’un d’eux écrivait à Mme Adam : « Je vois des préparatifs dont on n’a pas l’air de se douter à Paris. » Les mesures prises par les autorités militaires allemandes étaient assurément dignes d’émouvoir les habitants d’Alsacc-Lorraine. Pour le fort du mont Saint-Biaise, près de Novéant, l’autorité militaire n’a pas voulu