224 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE les Tchèques sur la place de Bohème nous produit le même effet que jadis au jeune Bismarck les couleurs françaises flottant sur Strasbourg... En proclamant la nécessité pour la Prusse de maintenir libre la route de Kœnigsberg à Breslau, Bismarck a vu juste. Aujourd’hui, la nation allemande a peut-être un intérêt plus décisif encore à maintenir libre la route de Breslau à Vienne. Prague est le centre économique du pays et commande la Bohême. Aucune autre ville de la légion allemande ne peut le remplacer. Aussi, laisser fomber son Université serait mettre le dernier clou au cercueil du « Germanisme « (1). » Les Allemands de Prague, estimant très haut la valeur du renfort que leur apportent ces étudiants, les favorisent de tout leur pouvoir. Une série de circonstances a livré aux Allemands l’administration de la Caisse d’épargne du royaume de Bohème. Ils en abusent souvent pour soutenir leur politique, et l’on assure qu’au début de 1899 ils auraient prélevé trois cent mille florins sur les fonds de cette institution, pour installer leurs amis étudiants dans le « Grand Hôtel », situé près du parc de la ville. Une fois en possession de ce quartier général, les étudiants allemands se sont cru tout permis; ils ont manifesté leurs sentiments prusso-philes avec tant de violence que, comme je l’ai dit plus haut, le Statthalter de Prague a été contraint de dissoudre leur association la Teutonia. Cette mesure, il est vrai, est restée inefficace, si bien qu’en novembre dernier, dans ce même«Grand Hôtel », une nouvelle assemblée d’étudiants de l’empire et d’Autriche a eu lieu. Le délégué, sujet de l’empereur Guillaume, M. Baumann, de Leipzig, assura « que le but final des Allemands de l’empire était le même que celui des Allemands d’Autriche (2) » . Les faits de même nature sont très nombreux. Si l’on (1) Politik, i.• 43, 1899. (2i « ... dass d's Endziele der reichsdeutschcu Studentenschaft dieselben seien, wie die der österreichischen. »