242 L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE demi ( 1).» Cette politique d’intervention permettra d’arriver dans les conditions les meilleures au moment psychologique, où la question se posera de savoir si, selon l’expression de M. de Biilow, l’Allemagne sera enclume ou marteau. « Nous autres, Allemands, nous avons souffert silencieusement pendant des siècles d’être enclume; je pense que le temps est venu où nous pouvons avoir la prétention de prendre du large et d’être marteau. Dans l’avenir, nous voulons être marteau et non enclume (2). » Telle est là la conclusion du Dr Hasse, principal créateur du courant pangermaniste. Qu’on le veuille ou non, ce courant, d’abord artificiel, constitue maintenant une de ces forces naturelles qui produisent les grands événements politiques. Voici comment quelques années de propagande faite dans une atmosphère favorable ont suffi pour réveiller la vieille nature teutonne et pour avoir raison des apparences pacifiques que des observateurs superficiels pensaient avoir découvertes outre-Rhin. Le peuple allemand « est prêt à combattre dès qu’un orateur influent, pasteur fanatique ou prince habile, parvient à lui démontrer la sainteté de telle ou telle mesure belliqueuse (3) » . Cette mesure sainte, les Pangermanistes prétendent que c’est la conquête de l’Autriche allemande. L’intensité de leur action a déterminé une (1) « Sollte er (ein Zerfall Oesterreichs) dennoch kommen, so kommt eben der europäische Weltkrieg mit allen seinen Unberechenbarkeiten. Wenn Oesterreich aber bleibt, so ist der politische Bund mit ihm nötig und muss durch spezielle Zollvereinigung wertvoller gemacht werden. Das deutsche Reich muss und wird seine Stellung im Bund benutzen, um Vergewaltigungen des Deutschtums in Oesterreichzu hindern ; es muss für das Deutschtum offene Interventionspolitik treiben, wie sie seit etwa 11/2 Jahren bereits begonnen zu haben scheint.» Friedrich Naumann, Deutschland und Oester-reich, p. 32. Verlag der « Hilfe», Berlin, 1900. (2) ««Nun, wir Deutsche sind ja jahrhundertelang duldend und schweigend Ambos gewesen ; ich glaube, es kommt die Zeit, in der wir auch Anspruch darauf machen können, Ellbogenraum zu gewinnen, Hammer zu werden. Hammer wollen wir sein in Zukunft, nicht Ambos. » Discours du Dr Hasse, à la séance du Reichstag du 15 décembre 1899. (3) H. Ramin, Impressions d'Allemagne, p. 339. Didot, Paris, 1898.