172 L'EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE les anciennes formules politiques paraissent impuissantes à les résoudre. § 2. — Le point de savoir si la Hongrie jouira ou non d’une entière indépendance présente pour les Magyars l’intérêt le plus immédiat. Il y a à Pesth un certain nombre d’hommes politiques qui estiment incomplète l’œuvre de 1867 et jugent le moment venu de la terminer. Ils admettent bien que le souverain continue à être un Habsbourg, mais ils veulent que la frontière douanière soit rétablie entre l’Autriche et la Hongrie, que l’armée hongroise soit exclusivement casernée sur le territoire hongrois, que la Hongrie ait une représentation diplomatique et consulaire distincte de celle de l’Autriche. M. F. Kossuth, l’un des fils du grand homme de 1848, est le plus actif propagateur de cette thèse. Son principal argument consiste à dire : « Le régime actuel empêche la Hongrie de se créer une industrie nationale. Malgré tous nos efforts, la Transleithanie est restée un pays presque exclusivement agricole. Elle doit encore tirer de l’étranger, et surtout de l’Autriche, la plupart des objets fabriqués nécessaires à sa consommation. En protégeant l’industrie nationale, le rétablissement de la ligne douanière lui permettrait de se développer. » Posée dans ces termes, la question de l’indépendance de la Hongrie, bien faite pour flatter l’ardent patriotisme des Magyars, trouve de nombreux partisans, surtout depuis que la situation troublée de la Cisleithanie empêche le fonctionnement régulier du pacte de 1867. La période de tension a même commencé. Elle en est au point que, tout récemment, le conseil municipal de Pesth s’est prononcé en faveur de la séparation douanière, et que, de tous côtés, on demande en Transleithanie le boycottage des produits autrichiens. Or, cette question de l’indépendance de la Hongrie n’in-