AU SEUIL DU XXe SIÈCLfc 11 forces respectives des partis nationaux en Autriche, conséquence des progrès réalisés par les Slaves cisleithans, ont grandement contribué à la dissiper. Depuis 1866, le gouvernement de Berlin oppose à la Russie l’Autriche et attribue à cet État la mission de tenir ouvertes les portes de l’Orient à l’influence germanique. Le maintien de la suprématie des Allemands dans l’empire de François-Joseph est la base de cette politique que le prince de Bismarck a résumée en une formule lapidaire : « Plus l’influence des Allemands sera forte en Autriche, et plus les rapports entre l’Allemagne et l’Autriche seront étroits. (1) » Ce maintien n’est possible que par la compression des éléments slaves. Partant de ce principe, les diplomates prussiens ont toujours eu pour objectif de faire obstacle à l’établissement du « fédéralisme » , On sait par quel procédé (voir page 29) M. de Bismarck y a réussi en 1871. Lorsqu’en 1879 il parvint à faire signer à F rançois-Joseph le pacte d’alliance, la sécurité devint complète à Berlin; la prépondérance du « germanisme» était assurée à Vienne pour des années. Maisles progrès incessants des Slaves et surtout des Tchèquess’accusè-rent dans les élections. Il fallut bien prendre au sérieux les statistiques officielles de l’administration de Vienne. On n’avait plus affaire à l’Autriche de jadis, dont le réseau administratif étouffait les éléments nationaux, mais à une Autriche où, en face de neuf millions d’Allemands privilégiés, se dressaient quinze millions de Slaves, en pleine conscience de leurs droits. On comprit le danger à Berlin. Ce fut bien autre chose quand, en avril 1897, les fameuses ordonnances du comte Badeni prouvèrent le retour de François-Joseph à une politique fédéraliste. Cette fois, les publicistes allemands accusèrent nettement la maison des Habsbourg . (1) « Je stàrker (1er Einfluss der Deutsclien m Oesterreich sein wird, desto sicherer werden die Rezieliungen des Deutscheu Reiches zu Oesterreich sein. » Friedrichsruh, 15 avril 1895.