AU SEUIL DU XXe SIÈCLE 310 disent : « On peut imaginer des situations dans lesquelles la Russie comme la France accepteraient un fait accompli et se contenteraient d’avantages faits sur d’autres points, plutôt que de penser à une épouvantable prise d’armes avec l’empire allemand (1).» Ce calcul semble exact. La pusillanimité est sœur de la crainte. Il serait donc possible qu’après avoir laissé faire le coup de force allemand. l’Europe, habilement divisée et craintive, subirait pendant quelques années le nouvel état de choses, jusqu’au jour où exaspérés par les excès intolérables qu’immanquablement commettrait une puissance « napoléonienne » , installée au centre de l’Europe, les peuples opprimés se coaliseraient dans un gigantesque effort pour abattre à tout prix le colosse germanique. III DE LA NÉCESSITÉ DE PRÉVOIR LES DIVERSES HYPOTHÈSES Dans la paix ou dans la guerre, d’une manière dissimulée après une lente évolution ou par un éclat soudain, la « question d’Autriche » peut se poser devant l’Europe. § 1. — Rarement autant de signes précurseurs, autant de faits précis, autant de mesures certaines et décisives ont annoncé l’approche d’une grande complication continentale. Les intentions de la Prusse à l’égard de la France avant 1870 étaient-elles aussi pénétrables que le sont aujourd’hui les vues du gouvernement de Berlin à l’égard de l’Autriche? C’est peu probable. L’intervention allemande en Autriche (1) « Denn es sind Lagen denkbar, in denen Russland sowohl als Frankreich eine vollendente Thatsache hinnehrnen und sich lieber mit Vorteilen an anderen Stellen begnügen würden, als den fuchtbaren Waffengang mit dem Deutschen Reiche zu wagen. » Die Deutsche Politik der Zukunft, p. 13. Deutschvölkischer Verlag « Odin » . Munich, 1901.