114, L’EUROPE ET LA QUESTION D’AUTRICHE seulement ceux qu’elle atteint directement, mais encore leurs voisins et leurs parents. Tout un groupe de .gens est ainsi amené à parler de l’empereur Guillaume et ils finissent par conclure que c’est un bien bon souverain puisque ses agents s’occupent avec tant de sollicitude du pauvre monde. Cette manœuvre fort simple et quelques autres du même genre ont contribué à créer un public sympathique qui a fait le succès des premières réunions prussophiles, inaugurées en 1896, par les délégués de l’Union pangermanique. Multipliées sur tous les points de l’Autriche après les ordonnances du comte Badeni, organisées par des hommes qui en ont une pratique constante, conduites par des orateurs violents et d’une éloquence populaire, ces assemblées ont permis à M. Schônerer de recruter le gros des troupes qui aujourd’hui marchent avec lui. Rapidement, les auditeurs sont devenus les lecteurs assidus des publications prussophiles que les sociétés de Berlin (1) répandent à profusion en Autriche. Intelligemment dosées suivant les âges et même les sexes, ces publications forment dans leur ensemble un moyen de propagande merveilleusement adapté au but poursuivi. Les cartes postales illustrées, que les Allemands aiment à échanger avec tant d’abondance, sont, elles aussi, devenues un moyen d’action. Chaque incident de la lutte politique donne naissance à un dessin tendancieux, si bien qu’une collection complète de ces cartes constitue une véritable histoire de la campagne pangermaniste. C’est un Saint-Michel allemand qui repousse dans les flammes un Tchèque tenant les ordonnances; c’est un paysan allemand — le fameux Michel — qui crie : « A bas le droit d’État de la Bohême ! » et, un bâton à la main, se tient prêt à frapper sur les Tchèques; c’est un souvenir du duel entre le comte Badeni et le député pangermaniste Wolf. Tirées à des (1) Y. p. 196 et suivantes.