AU SEUIL DU XXe SIÈCLE 397 La phrase de von Moltke : « Nous sommes assez forts pour assurer la paix de l’Europe, » ne reste vraie qu’autant que la politique du gouvernement de Berlin ne menace pas l’existence des grandes nations. Ce serait le cas s’il prétendait intervenir en Autriche. La revue qui vient d’être faite des divers points de vue de chaque État, relativement à l’avenir de l’Europe centrale, a permis de discerner les intérêts, et, par suite, le groupement éventuel des puissances. Si on laisse en dehors de tout classement les États comme l’Angleterre, la Turquie et la Serbie, dont l’orientation est douteuse pour des raisons diverses, on constate que l’Italie et la Roumanie doivent être considérées comme solidaires de l’empire allemand, et qu’au contraire la France, la Russie, les États-Unis et la Bulgarie ont des raisons exceptionnellement graves de vouloir la conservation de l’Autriche.